→…et maintenant.

Des mines polymétalliques du Warndt en Lorraine et des Vosges du Sud en Franche-Comté, aux sources salées des Alpes de Haute Provence; des mines du monde Egéen aux mines d´étain de Cornouailles, du Devon et du Pays de Galle : autant de nouveaux projets qui viennent enrichir la recherche.

Le Centre de Recherche en Archéologie Expérimentale du Mont Vaudois s´ouvre à de nouvelles expérimentations et médiations culturelles. Dans le cadre des innovations, ERMINA entreprend de développer de nouvelles technologies en lien avec la cartographie de surface et souterraine des sites.

L´Archéologie des Techniques constitue le socle de ces travaux pluridisciplinaires : il s´agit de restituer une Histoire des Techniques sans frontières géographiques ou chronologiques. Technologies anciennes, techniques d´exploitation des ressources minérales, sont sollicitées dans le temps long, depuis la Préhistoire jusqu'à l'Époque contemporaine dans un espace européen. La sauvegarde et la valorisation des sites restent une démarche indissociable de la recherche en partenariat avec les élus et les citoyens.

Archéologie minière dans les Vosges Saônoises

Une découverte inédite dans les mines de cuivre de la Grande Montagne (Haut-du-Them/Château-Lambert - Haute–Saône)

Les travaux miniers souterrains des mines de la Grande Montagne de Château-Lambert développent sur plus de dix kilomètres, un véritable labyrinthe de dépilages et de galeries datées pour la plupart du XVIe au XIXe siècle.

Dans un secteur inexploré de la mine, les spéléo–archéologues de l´Association ERMINA ont rencontré les vestiges d´un réseau particulièrement exigu de galeries. C´est à cet endroit qu´ils ont découvert plusieurs percuteurs en roche granitique : les outils de mineurs en roche caractéristiques des premières exploitations minières de l’Âge du Bronze. Ces outils de percussion sont des galets en roche dure collectés dans les torrents ou les dépôts glaciaires. Les faces actives aux deux extrémités présentent des traces de percussions provoquées par les nombreux impacts. Leur poids respectifs se situe entre 2 et 4 kg. Le procédé d´abattage utilisé consistait à fissurer la roche en l´exposant à l´action d´un feu de bois. La roche fissurée était ensuite fragmentée directement à l´aide des coups portés par ces percuteurs en pierre.

Les études vont se poursuivre afin d´affiner la chronologie et reconstituer le schéma des premières exploitations minières du massif vosgien.

L’équipe travaille en étroite relation avec les laboratoires d’expertise du bois : LEB2D et le Laboratoire CNRS d’Archéologie Moléculaire et Structurale de l’Université Pierre et Marie Curie pour l’étude et la datation du mobilier.

Il y a près de 5 000 ans, l´exploitation de l´argent sur les rives de la mer Égée :

Il y a près de 5 000 ans, l´exploitation de l´argent sur les rives de la mer Égée

Au pied de l´acropole mycénienne de Thorikos en Grèce, une équipe d´archéologues miniers sous la direction de D. Morin (Université de Lorraine), vient de découvrir un inextricable réseau de galeries, de puits et de chambres d´exploitations. Près de cinq kilomètres de conduits souterrains taillés dans les marbres et les schistes de l´Attique ont été déjà parcourus et cartographiés. Ils débouchent sur des labyrinthes de chantiers complexes dont la hauteur atteint à peine 40 cm par endroit.

Ces travaux d´exploration s´intègrent dans un programme de recherches archéologiques sous la direction du Prof. Roald Docter (Université de Gand) et sous la tutelle de l´École Belge d´Athènes, de l´Université d´Utrecht et de l´Éphorie de l´Attique Orientale.

Les traces d´outils sur les parois, les graffitis, les aires de concassage attestent de l´activité omniprésente des mineurs. La cartographie de ces réseaux exigués, dont les ramifications parfois à plusieurs niveaux, représente un réel défi sur le plan scientifique. La morphologie et l´organisation des travaux permettent de distinguer plusieurs phases d´occupation.

Une partie du mobilier observé : céramique, maillets à gorges façonnés en roche volcano-sédimentaire, date du Néolithique Final/Helladique ancien (autour de 3 200 av. J.-C.). La plupart des galeries sont restées intactes depuis près de 5 000 ans.

Cette découverte apporte des informations sur les techniques minières mises en œuvre depuis les premiers Âges des métaux dans cette zone de la Méditerranée orientale. Les recherches n´ont pas seulement pour objectif de cartographier les réseaux souterrains ; elles permettent aussi d´étudier des techniques minières inédites pour ces périodes très anciennes comme l´abattage, le fonçage et la circulation des matériaux : des travaux miniers qui anticipent déjà les mutations technologiques du Moyen-Âge.

Informations complémentaires

Paysages miniers

Depuis sa création, ERMINA travaille à l´analyse des paysages miniers anciens.

Les formes de relief anthropique abandonnées par les exploitations minières en surface comme en souterrain donnent lieu à interprétation et contribuent à leur manière à définir l´identité de ces sites originaux.

L´étude morpho-structurelle s´effectue au sol et à vue comme en altitude avec l´aide de drone à décollage vertical. Dans les parties souterraines les formes du relief comme les traces d´abattage les plus petites sont enregistrées à l´aide de scanner manuel.

Les premiers tests ont été réalisés dans les mines du Warndt sur des fronts de taille ou dans des zones particulièrement complexes où se mêlent plusieurs phases d´exploitation.

Preuve de l´exploitation minière à l´Âge du Bronze dans Parys Mountain

Les anciennes mines de cuivre de Parys Mountain - Mynydd Parys en gallois - se trouvent juste au sud d'Amlwch sur la côte nord-est d´Ynys Mon au Pays de Galles. Ils constituent l´un des exemples les plus caractéristiques de paysage industriel au Pays de Galles. De nombreux percuteur de pierre datés de l´Âge du bronze ont été trouvés dans les travaux miniers modernes. Des investigations récentes visent à caractériser l´environnement et le contexte de ces artefacts. Des prélèvements de sédiments ont été effectués dans certains endroits là où subsistent des vestiges d´exploitation datés de l´Âge du bronze.

Les arts du fil et expérimentation

Les textiles anciens, du fait de leur nature organique, sont des matériaux particulièrement vulnérables et constituent des artefacts rares et exceptionnels en archéologie. Leur analyse permet de reconstituer les techniques et au-delà les gestes qui ont prévalus à leur réalisation.

Les expérimentations menées depuis plusieurs années sur les techniques de filage et de tissage au Centre de Recherche en Archéologie Expérimentale ont donné lieu à de nombreuses reconstitutions.

Une exposition sur les arts du fil, de la Préhistoire à l´époque médiévale destinée à valoriser ces travaux est en cours de réalisation. Elle associera à la fois des reconstitutions de métiers à tisser et des productions expérimentales.

Les recherches sur les arts du fil s´appuient sur une double analyse : celle des vestiges archéologiques et celle des archives iconographiques anciennes.