La Franche-Comté et en particulier le département de la Haute-Saône offre un champ d'étude privilégiée pour cette recherche. Ce territoire fut, à partir du XVe siècle, une grande région productrice de fer. À la veille de la Révolution, il était au second rang dans le Royaume de France pour la production du fer.
La préparation mécanique des minerais de fer pisolithiques, étape essentielle du processus sidérurgique, n'avait pas fait l'objet d'études jusqu'à ces récents travaux. Un hiatus dans la chaîne opératoire qui est désormais comblé.
Il s'agit d'opérations archéologiques non destructives qui se sont déroulées de 1996 à 2003 dans le Nord de la Franche-Comté, assorties dans les premières années d'autorisations de prospections inventaires puis à partir de 1999 d'autorisations d'opérations de prospections thématiques.
Les prospections au sol, les relevés topographiques, les études géophysiques et sédimentaires ont été complétés par un dépouillement des sources textuelles. Près de 500 ateliers de lavage d'importance, ont été répertoriés sur un territoire couvrant 130 communes pour le seul département de la Haute-Saône. Une centaine sites ont été mis au jour et étudiés.
Les prospections ont permis de mettre en évidence la diversité des témoins archéologiques qui ont imprimé le paysage comme les boues résiduaires qui doivent être considérées comme de véritables « archives archéologiques ».
L'étude approfondie des sites apporte des informations sur l'organisation de l'espace de travail. Les premiers lavoirs utilisaient le fond des dépressions remplies par les eaux pluviales ou de ruissellement. Au fur et à mesure de l'éloignement des gîtes, les ateliers sont beaucoup plus étendus et structurés. Ils s'organisent en système dans un environnement qu'ils ont contribué à façonner et à modifier.
Ce travail met aussi l'accent sur l'importance méthodologique de l'étude micro-topographique des haldes et des paysages miniers en général. Loin d'être une activité annexe le traitement des minerais constituait une véritable industrie dès le début du XVIIe siècle. Le résultat des prospections permet de cerner l'ampleur et la diversité des techniques développées et surtout de percevoir au travers de sites particulièrement représentatifs l'évolution technologique des systèmes utilisés et leur adaptation au contexte tant hydrologique que géomorphologique.
Ce sujet novateur apporte un éclairage sur des procédés techniques peu connus et contribue à élucider l'origine de traces laissées dans les paysages.
Ces recherches, qui se poursuivent à l'échelle européenne, ont fait l'objet de travaux universitaires (Universités de Franche-Comté et Université de Technologie de Belfort Montbéliard).