Le minerai de fer est abondante sur tout le territoire de la Haute Marne.
Les gîtes principaux de minerai pour l’arrondissement de Chaumont sont renfermés dans une zone étroite qui comprend Latrecey, Créancey, Marmesse, Châteauvillain, Blessouville, Viliers, Jonchery, Laharmand et Marault, et à l’extrémité Est, Champigneulles, Nijon et Huilliécourt, dont les produits sont exportés dans les Vosges.
Dans l’arrondissement de Langres, on trouvait du minerai à Isômes, Montsaugeon, Dommarien, Grenant, Saulles et Farincourt.
Les gîtes de l’arrondissement de Wassy sont les plus nombreux : Mathons, Morancourt, Nomécourt, Guidecourt, Brousseval, Châtonrupt, Wassy, Troisfontaines, Prez-sur-Marne, Avrainville, Poissons et Noncourt. Ces cinq derniers, qui donnent le fer en roche, sont les plus riches du département. La moyenne annuelle du minerai brut extrait dans la Haute-Marne au XIXe siècle est de six millions de quintaux métriques.
On ne pouvait fondre que 95 quintaux après un simple cassage, le reste devait être lavé. On utilisait des lavoirs à bras ; leur nombre était considérable. Quatre-vingts patouillets ou lavoirs à machines étaient mis en mouvement par plus d'une centaines de roues hydrauliques représentant une force totale de 1000 chevaux. Après lavage, il restait 2 500 000 quintaux de minerai que l’on transportait vers les hauts fourneaux. Il y avait quatre-vingt-cinq hauts fourneaux dans ce département. L’arrondissement de Wassy en comptait le plus grand nombre ; venait ensuite celui de Chaumont. Celui de Langres se plaçait au dernier rang.
Les hauts fourneaux étaient présents dans les communes suivantes :
Dans l’arrondissement de Wassy : Allichamp, Bettaincourt, Bienville, Brousseval, Chamouilley, Chancenay, Charmes-en-l’Angle, et Charmes la Grande, Chevillon, Cirey, Dompmartin le Franc, Donjeux, Doulaincourt, Doulevant le Château, et Doulevant le Petit, Echenay, Eurville, Joinville, Laneuville-à-Bayard, Louvemont, Mussey, Noncourt, Osne, Pansey, Parey, Poissons, Ragecourt-sur-Blaise, Ragecourt-sur-Marne, Roche-sur-Rognon, Saint-Dizier, Saucourt, Sommevoire, Thonnance-les-Joinville, Wassy, Vaux-sur-Blaise, et Vecqueville.
Dans l’arrondissement de Chaumont : Arc, Aubepierre, Bologne, Brethenay, Châteauvillain, Condes, Courl’évêque, Dancevoir, Dinteville, Ecot, Forcey, Foulain, Froncles, Humbertville, Lacrète, Lanty, Manois, Marmesse, Montherie, Montot, Orges, Orquevaux, Riaucourt, Rimaucourt, et Vraincourt.
Enfin dans l’arrondissement de Langres : Auberive, Couzon, Farincourt, Laferté-sur-Aube, Rouvre, et Saulles.
A la plupart de ces usines étaient annexés des feux d’affinerie, des forges au marteau ou au laminoir pour l’élaboration du fer ; il en sortait de la fonte brute ou moulée, des gros fers, des fers en barres, des fils de fer, de la tôle, du fer fondu…
En 1804, la Haute-Marne avec ses quarante-six hauts fourneaux, produisait 80 000 quintaux de fonte ; en 1835, avec soixante-cinq hauts fourneaux, cette production atteignait près de 300 000 quintaux de fonte.
L'industrie métallurgique haut-marnaise occupait près de 30 000 ouvriers, dont 2 500 environ étaient employés dans l’intérieur des usines. C’est sous la Restauration que l’usage de la houille se répandit. La première forge anglaise fut construite après 1830. Les usines du Vallage ont été les premières à adopter le chauffage à la houille, et déjà, en 1836, on en employait plus de 200 000 quintaux dans le département. Depuis cette époque, la fabrication du fer au charbon de bois a diminué d’année en année : on réservait ce combustible pour la fusion du minerai, car il était reconnu préférable pour cet usage, tandis qu’il ne donnait que des fers de qualité inférieure à ceux de Franche-Comté et du Berry. Les forges champenoises, où l’on fabriquait le fer à la houille, furent les plus nombreuses.
Le département de la Haute-Marne concentrait sans aucun doute, le plus grand nombre d'établissements sidérurgiques de l'histoire de France. Si ses sites d'extraction protohistorique ne sont pas encore attestés en Haute-Marne contrairement aux régions voisines, comme le Châtillonnais par exemple (Meulson) où des ramassages de surface de minerai ont été effectués, des découvertes similaires sont parfaitement envisageables à l’avenir.
L'extraction du minerai s'effectuait au Moyen Age, parfois en souterrain au début du XIIIe siècle, ou bien sous forme de cueillette, à partir des gisements de surface composés d'hématite et de goethite, minerais les mieux adaptés aux conditions de la réduction directe telle qu'elle est pratiquée alors. Le passage, au XVe siècle, au procédé indirect combinait la force hydraulique au lieu de procédés de soufflerie actionnés par l'homme, et la décomposition en deux temps de la réduction du minerai à plus forte température dans un haut fourneau en un fer riche en carbone (la fonte), puis de l'affinage (ou réchauffage) de la loupe de métal dans un ou plusieurs foyers de forge. Ce système se met en place, en Champagne comme dans les régions voisines, principalement à partir des années 1440, grâce à l'exploitation de nouveaux gisements ferrifères. Le fonctionnement en continu du haut fourneau favorise l'accroissement de la production, la diversification de la gamme des produits et l'amélioration de la productivité. Le procédé indirect s'implante dans des régions où la limonite se trouvait en abondance, minerai sur lequel était fondé tout le développement de la sidérurgie dans ce département, hormis peut-être les sites de la vallée de la Blaise, dont la situation se trouve à équidistance des filons de limonite de Châtonrupt et des lentilles d'hématite oolithique de la zone de Wassy. Dans le nord, en effet, la limonite entoure la zone de Saint-Dizier, à Bettancourt-la-Ferrée, Eurville, le bois des Accrues et jusqu'à Montiers. Le gisement suit principalement la vallée de la Marne et de ses affluents (Rognon) ; il apparaît ainsi à Montreuil, Poissons, Germay. Là, il se heurte à une bande traversant le département du sud-ouest au nord-est, globalement de Châtillon-sur-Seine à Neufchâteau sur la Meuse, en passant par Marault, au nord de Chaumont. Les couches sont nettement localisées entre Bricon et Montigny-sur-Aube, plus éparses mais importantes à Jonchery, Euffigney. Ce minerai, situé à moins d'une dizaine de mètres de profondeur, n'avait sans doute, en raison d'une teneur médiocre, jamais été utilisé pour la réduction directe. Il va alimenter désormais toute la sidérurgie active des vallées de l'Aube et de l'Aujon, autour de Châteauvillain. Un nouveau paysage industriel succède au XVe siècle à celui établi précédemment sur la frange occidentale du département. Il permettra le développement d'une grande sidérurgie champenoise fournissant ses produits à la marine, à l'artillerie, au bâtiment, à diverses branches de l'industrie et de l'agriculture.
La Haute-Marne connaîtra son apogée au XIXe siècle, lorsqu'elle devient le premier département producteur en produits ferreux.
Actuellement l’équipe travaille à une restitution informatisée des données qui prendra la forme d'une cartographie détaillée et commentée établie sur fond géologique au 1/25 000e. Ouvert à d’autres chercheurs en histoire un colloque devrait permettre d’éditer sous une forme à définir les principaux résultats et axes de réflexion de ce PCR dont la majeure partie des actions est désormais achevée.