L’introduction de la première métallurgie du cuivre en Europe occidentale à partir du IIIe millénaire avant J.- C. a été une révolution technologique. Retrouver les gestes techniques à l’origine de cette métallurgie , tels sont les objectifs poursuivis en 2008 et 2009 par un groupe des étudiants du lycée des Haberges à Vesoul, encadrés par leurs professeurs et des chercheurs, archéologues. Les expérimentations ont eu lieu sur le site de la plateforme archéo/métallurgique Pyrotechnia de Montagney dans le Doubs.
Une simple fosse circulaire matérialise le four alimenté par du charbon de bois.
Deux soufflets en cuir confectionnés à partir de modèles ethnologiques dont l’extrémité est aménagée au moyen d’un tube à vent.
Entre le foyer et le soufflet sont installées des tuyères en argile qui ont pour but de diriger le vent à l’intérieur du foyer. Un creuset en argile contenant la charge à fondre est placé au cœur du foyer et recouvert de charbons incandescents
Une température de 1400°, supérieure à la température de fusion du cuivre (1083°) permet de porter le métal à son point de fusion.
Les moules bivalves en roche gréseuse du sud vosgien préparés à partir de modèles archéologiques (haches et objets de parure issus des tumulus d’Alsace) sont préchauffés à proximité du foyer ; ils sont alors prêts à recevoir le précieux métal ; les moules bivalves sont creusés suivant l’axe de symétrie de la pièce à réaliser. Après avoir creusé quelques saignées faisant office de canaux de dégazage, les deux valves du moule sont centrées parfaitement au moyen de chevilles ou tenons et maintenues solidement ensemble par un lien en cuir ; ces moules permettaient d’obtenir des haches, poignards, bracelets, torques, épées, anneaux …Certains moules sont réalisés à partir d’argile ; le modèle est imprimé en creux ou estampé ; après la coulée le moule est cassé de façon à dégager l’objet, le moule ne servant qu’une fois ; cette technique est utilisée pour obtenir des pièces de forte section. La coulée, moment d’intense concentration pour le fondeur, procède d’un geste à la fois précis et rapide.
Quelques instants suffisent pour ouvrir le moule et en découvrir le contenu de cuivre brut qu’ il faudra encore ébarber et polir sur des roches abrasives tenant lieu de meules.
Simple fosse à demi enterrée, ponctuée de fragments épars d’argile et de charbon de bois, fragments micro millimétriques de cuivre. Telles sont les infimes traces que vont dès lors interpréter les archéologues à l’issue de l’opération, lorsque le site sera abandonné : des traces subtiles, uniques témoins de savoir faire complexes à l’origine de profonds bouleversements dans l’histoire de l’Humanité.