La Chartreuse de Durbon (commune de Saint-Julien-en-Beauchêne, canton d'Aspres-les-Veyres, Hautes Alpes) était propriétaire de plusieurs mines de fer, de cuivre et de plomb, exploitées dès le début du 16e siècle qui alimentaient des martinets étrangers à l'abbaye.
Dans le courant du 17e siècle, celle-ci investit davantage dans son patrimoine et créa le haut fourneau de Rioufroid et les martinets de Rioufroid et de Recours, ainsi que d'autres établissements, approvisionnés par ses propres bois comme le haut fourneau de Chichiliane.
Les prospections entreprises dans la Commune de Saint-Julien-en-Beauchêne ont permis de retrouver les vestiges de plusieurs de ces établissements métallurgiques parmi lesquels un haut fourneau et un martinet.
À proximité du haut fourneau coupé par la route forestière qui dessert la forêt domaniale, ont été retrouvés des amas de scories denses ainsi que des laitiers de nature archaïque en cours d'étude. Des billes et fragments de fonte sont fréquemment associés aux déchets.
Surmontant les ruines, une galerie de mine précédée d'une exploitation à ciel ouvert développe une vingtaine de mètres dans les calcaires du Crétacé Supérieur, suivant une strate de minerai de fer de faible puissance.
D'autres galeries de mines signalées dans les archives n'ont pu être retrouvées. En revanche, plusieurs niveaux géologiques contenant du minerai de fer ont été identifiés dans les corniches calcaires qui barrent la rive droite du ravin. Des sentiers muletiers parfois taillés dans le roc ont été repérés en altitude (plus de 1700 m.). Ces sentiers qui permettaient de relier les différentes vallées entre elles constituent un réseau reliant les principales unités métallurgiques entre elles. Les Archives Départementales de la Drôme signalent une tentative de reprise d'activité au XIXe siècle couplée avec l'exploitation de scories de réduction directe. Ces amas de scories dont certains échantillons ont été analysés à l'époque pourraient attester d'une activité plus ancienne dans cette zone. Dans les fonds d'archives dépouillés aux Archives Départementales de Gap, sont évoqués le martinet et la forge à la catalane abandonnés. Ils sont constitués de baux de mines et d'usines, d'enquêtes sur les usines (inventaires de mobilier, coûts), et d'interventions dans les mines de Lus, de Mens, de Trescleoux et des environs.
Les mines de Mens (Isère) sont constituées d'un alignement de pingen, de tranchées et de haldes. Les entrées de galeries, encore visibles, sont effondrées ou obstruées.
Des indices inclinent à penser en effet que l'exploitation minière est plus ancienne, de même que la sidérurgie régionale, sous la conduite de propriétaires plus entreprenants. Le dépouillement des archives et les premières études de terrain confirment l'ancienneté et la densité de l'activité industrielle de cette région des Alpes centrales.
Le complexe métallurgique de la Chartreuse de Durbon constitue un site de grande importance dans le domaine de l'histoire des techniques métallurgiques. La qualité des différentes sources documentaires et de terrain collectées offre une exceptionnelle complémentarité précisant la chaîne opératoire de cette sidérurgie. Les recherches inclinent à penser en effet que l'exploitation minière est plus ancienne, de même que la sidérurgie régionale, sous la conduite de propriétaires voisins plus entreprenants. Le dépouillement des archives et les premières études de terrain font apparaître une grande complémentarité - de la mine à la forge - des établissements industriels cartusiens dans cette région des Alpes Dauphinoises.
Une des priorités consiste actuellement à travailler sur l’apparition du procédé indirect. Sur ce sujet, des recherches récentes ont permis de mettre en évidence la maîtrise de la décarburation dans les Alpes italienne dès le VIe siècle alors que l'on situe habituellement l'origine du procédé indirect en Europe à la fin du XIe siècle.