Au fil du temps, l'homme a appris à maîtriser les techniques d'élaboration d'objets, qui lui ont permis d'avoir une influence toujours plus grande sur son environnement. L'invention de la métallurgie est une étape capitale de cette lente évolution.
La découverte de l'utilisation du fer reste un événement de portée historique majeure. elle favorise la productivité agricole et artisanale et confère une efficacité accrue aux armées. On situe l'origine de la métallurgie du fer en Anatolie, à la fin du IIIe millénaire avant notre ère (Pleiner 1980). Elle atteint le Nord des Alpes vers 800 av. J.-C. mais son utilisation ne se généralise que quelques siècles plus tard. A l'époque romaine, le fer est largement disponible. Au cours du Moyen Age, la production croît, stimulée par une véritable révolution technique : la généralisation du haut fourneau. La révolution industrielle peut commencer. C'est autour de ces premiers pas vers la sidérurgie que ce projet s'est constitué.
Les Arts du feu et les productions qui en découlent concernent de vastes domaines d'application, couvrant des espaces chronologiques, géographiques et disciplinaires très étendus. La maîtrise des arts du feu conditionne « l'art de la matière » et surtout « l'art de la manière ». Ces industries ont été vecteurs de transformation et de progrès économique. La maîtrise du feu pour la production de biens socialement valorisants est un marqueur important des processus sociaux.
La principale thématique de l’équipe est parfaitement adaptée au Grand Est de la France avec la localisation d'un patrimoine industriel ancré autrefois sur d'importants gisements miniers : fer du Bassin de Lorraine, de Franche-Comté et de Haute-Marne, mines polymétalliques du massif vosgien... Il s'agit de retrouver des procédés techniques et des savoir-faire traditionnels perdus, en raison de leur éloignement dans le temps ou par le fait d'une rupture dans la tradition orale. La présence de minerais de fer de remaniements a entraîné l’installation sur les cours d’eau d’une intense activité de lavage ou de bocardage. Machines à laver le minerai et réseaux hydrauliques quadrillaient l’espace et ont modelé les paysages. L’étude des ateliers de lavage permet de mesurer l’ampleur de cette activité. La maîtrise du feu suppose celle des températures. Si la température est trop faible le produit devient fragile et altérable, trop élevée ou trop brutale l'ensemble de la coulée peut être perdue. La montée et le maintien en température sont étroitement dépendants des techniques de soufflerie : les travaux mis en œuvre dans le cadre de la base expérimentale ERMINA essaient de répondre à ses questionnements. La fonte des hauts fourneaux est produite grace à l'action de soufflets actionnés par l'énergie hydraulique. Ces possibilités technologiques ne peuvent s’accomplir que par une connaissance des potentialités des combustibles.
En Europe, jusque loin dans le XIXe siècle, la fusion est majoritairement dominée par le charbon de bois.
La fabrication expérimentale de meules confectionnées avec un bois de petit calibre, généralement de charme, de hêtre et de chêne, de frêne ou de cornouiller, permet d’appréhender les techniques charbonnières. Selon l'habilité du charbonnier à maîtriser la carbonisation, le charbon de bois possèdera des aptitudes calorifiques adaptées à la fusion. À l’origine emprunts de mysticisme, les arts de la métallurgie, reposeront longtemps sur un savoir empirique. Faire revivre les techniques anciennes en privilégiant l’expérimentation constitue l’un des axes fort de l’équipe. Les sciences physiques pour l'ingénieur aidées des sources textuelles sont utilisées comme grille d'interprétation des vestiges pour expérimenter, maîtriser, comprendre et redonner vie à des procédés et des technologies anciennes constitutives d'un patrimoine technique, scientifique et culturel. D’autres techniques comme le tissage sont également en cours d’expérimentation