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Archéologie industrielle

La sauvegarde de la forge et du haut fourneau de Montagney dans le Doubs

Histoire d’une forge retrouvée. Situé sur la rive droite de l'Ognon, entre Rougemont et Montbozon, le haut fourneau de Montagney a débuté son activité vers l'an 1500. Il connaît un développement important à partir de 1689, date d'une autorisation de remise en fonctionnement. La zone de la forge sera alors décrétée territoire de Rougemont et le restera jusqu'en 1858.

En 1710, propriété du Marquis de la BAUME-MONTREVEL seigneur de Rougemont, l'usine comporte, outre le haut fourneau, deux patouillets pour le traitement du minerai, une forge d'affinage, un martinet, une halle à charbon et divers bâtiments annexes avec les logements des ouvriers et les magasins.

Usine à fer et à munitions. En 1748, Montagney est déjà réputé pour sa fabrication de munitions. On y produit annuellement plus de 14 000 boulets de canon de cinq calibres différents.

En 1808, l'usine de Montagney, dont le haut fourneau est arrêté depuis plusieurs années passe aux mains du marquis de GRAMMONT qui le réhabilite pour trouver un débouché à ses exploitations forestières. Avec les pierres provenant du château de Rougemont, il reconstruit le barrage qui devient le plus élevé de la rivière l'Ognon avec 2,80 mètres de hauteur.

En août 1820, l'ensemble est amodié à Joseph GAUTHIER qui rallume le haut fourneau. Montagney qui compte alors sept roues hydrauliques, un haut fourneau, un patouillet, un feu d'affinerie, un marteau à drome, un four à recuire à chaleur perdue et cinq bobines de tréfilerie. Le minerai pisolithique provient de petites minières à ciel ouvert exploitées dans les villages environnants, mais le haut fourneau utilise surtout le minerai oolithique extrait des mines de Rougemontot et de Battenans.

1834, excellente année pour Montagney, la production atteint 850 tonnes de fonte qui donnent 150 tonnes de fer en barres et 400 tonnes de fil de fer vendus à Lyon et à Paris.

En 1836, la forge de Montagney utilisa pour la première fois du bois vert dans son haut fourneau, le résultat n'étant pas concluant, on récupéra les chaleurs perdues du haut fourneau pour son séchage. Ce bois desséché était mélangé au charbon de bois pour l'affinage de la fonte.

En 1840 à son apogée, l'usine emploie 84 ouvriers qui viennent de Montferney. Le déclin commence en 1842 en raison de difficultés d'approvisionnement en combustible et la forge de Montagney, amodiée entre temps aux frères DUCHON, cesse son activité en 1850. Devenue propriété de la famille MERODE, qui la possédera jusqu'en 1934, elle est reconvertie en moulin en 1854 et, à partir de 1858, le territoire de la forge réintègre le patrimoine de la commune de Montagney.

En 1921, les frères PETITJEAN du moulin de la Rouchotte de Thiéffrans, installent une usine électrique à l'ancienne forge et, en 1922, le courant est distribué depuis Montagney à 25 communes sur les deux rives de l'Ognon.

En 1947 cette usine hydroélectrique est rachetée par la Société des Houillères de Ronchamp. Une micro centrale, installée en 1991, continuera cette production.

 

Deux femmes d’exception aux forges de Montagney.

À partir de 1789, Montagney est dirigé par Nicolas GAUTHIER, membre d'une des plus célèbres familles de maîtres de forge comtois, dont un de ses fils, Joseph, sera surnommé “ le Napoléon des forges ”. Clarisse Vigoureux première adepte féminine du fouriérisme. C'est à Montagney, dans l'ancien pavillon de chasse des CHOISEUL-LA-BAUME, construit sous Louis XV, devenu résidence du maître de forge, que naquit, le 11 juin 1789, Claire-Charlotte-Dorothée GAUTHIER, dite Clarisse, qui épousera Pierre VIGOUREUX marchand drapier à Besançon et sera la première adepte féminine de Charles FOURIER. Sa fille Julie épouse Victor CONSIDERANT, principal disciple de Charles Fourier.

Clarisse Vigoureux, belle-mère et collaboratrice de Victor CONSIDERANT, chef de l'école fouriériste à partir de 1837, accompagnera son gendre et sa fille au Texas en 1849 lors de leur exil et mourra à San-Antonio en 1865 non sans avoir créé un phalanstère. Elle publiera en 1834 “ Parole de providence ”, manifeste en réponse à “ Paroles d’un croyant ” de Lamennais.

Clarisse Coigney. Fille de Joseph Gauthier, maître de forges à Montagney, de 1820 à 1841, elle épouse l’industriel fouriériste François Coigney, inventeur du béton aggloméré. Elle publie de nombreux ouvrages littéraires dont ses mémoires en 1899 où elle décrit sa jeunesse à Montagney. Elle décèdera en 1918.

 

De la fouille archéologique au classement

En 1997, le bâtiment du haut fourneau est sauvé in extremis de la destruction. Une destruction qui avait commencé avec l’incendie de la halle à charbon et l’arasement d’un premier bâtiment ouvrier.

De 1997 à 2001 plusieurs campagnes de décombrement et de sondages archéologiques ont été réalisées dans le cadre de classes patrimoines et de chantiers jeunes bénévoles financés par le Conseil Régional de Franche-Comté.

Les opérations ont porté sur la fouille et le nettoyage de l'intérieur du bâtiment du haut fourneau et la surveillance des terrassements visant à dégager le canal de fuite de la roue hydraulique. Les travaux de déblaiement qui se sont poursuivis en 1999 ont permis de nettoyer les abords du haut fourneau en ménageant les zones sensibles tout en étudiant les structures encore intactes.

La Forge de Montagney devrait accueillir à terme un parc de machines hydrauliques reconstituées. Ce projet a fait l'objet d'une importante étude d'impact.

Le haut fourneau devrait retrouver sa roue hydraulique et ses soufflets dans le cadre d'un plan de valorisation destiné à s'intégrer dans un réseau du patrimoine industriel et minier et dont la vocation sera d'accueillir le public et les scolaires.

Un circuit pédestre jalonné de panneaux pédagogiques consacrés à la production de la fonte a été aménagé pour le public. Les promeneurs sont invités à découvrir les différentes étapes de la chaîne opératoire à travers plusieurs sites et étapes : minières de fer, carrière de castine, maison et meules de charbonniers, haut fourneau expérimental, bâtiments de forge…

À l’initiative des archéologues, de la commune de Montagney et des propriétaires et devant l'intérêt exceptionnel que présente le site, une association a vu le jour avec pour ambition de mettre en place un programme de consolidation et de valorisation du site : l'Association des Amis de la Forge de Montagney (AAFoM).

L’objectif principal de l’AAFoM est actuellement la remise en état des toitures du haut fourneau, de la fonderie et du bâtiment des ouvriers proche.

Classé au titre des Monuments Historiques, le site fait l'objet d'un entretien constant de la part de l’AAFoM et de ses propriétaires.

Pour plus d'informations à propos de de la forge de Montagney.

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